J'ai beau lire et relire des notes prises au fil des années, il appert que mettre officiellement ou publiquement noir sur blanc les nombreux nuages de mots des petits moments et des réflexions amassés n'est pas une mince affaire. Étrangement, en général, en éducation nous passons par un travail intellectuel qui finit par nous amener à nous impliquer, à oser, à agir dans nos classes ou avec nos collègues. Aujourd'hui je me dois de faire un exercice inversé, c'est-à-dire de livrer une réflexion en réfléchissant non plus à ce que j'ai lu ou vu, mais plutôt en pensant à ce qui a été vécu. Passer par mes actions et celles de mes élèves ou collègues pour écrire mes théories ou mes réflexions est un exercice fort différent. Ma ZPD (zone proximale de développement) en prend un coup. Je relève donc humblement le défi lancé par l'équipe de #defi20prof, sans aucune prétention. Je me lance aussi parce que je crois à la contagion de l'enthousiasme et de la passion personnelle ou professionnelle. Dave Burgess pousse la note encore plus loin en osant ajouter que notre enthousiasme : "can become a beacon of bliss amidst a bastion of boredom and banality."
Il était une fois quand j'étais petite (il y a fort fort longtemps) Comme beaucoup vous le diront, nous ne nous rappelons guère de la matière vue au primaire une fois que nous sommes adultes. Nous revivons des flashs sporadiques de moments de plaisirs ou de malaises. Je me souviens de coups sur les doigts avec des règles, de phrases négatives envers mes amis qui ne comprenaient pas quelque chose, de commentaires dégradants crachés à qui de droit, d'élèves qui dormaient sur leur pupitre. Je me souviens aussi, à mon grand bonheur, de doux et merveilleux moments, de sourires, de gestes bienveillants laissés par d'autres enseignants, de projets de fabrications de maquettes de villages entiers, de cuisine où on manquait notre coup et que nous en riions. Je revois ces moments périodiquement dans le vif de l'action. Vous connaissez bien ce phénomène, pour ceux qui ont des enfants, où en interagissant avec notre marmaille on vit un "flashbak" et qu'on se met à répéter le mêmes paroles ou les mêmes gestes que notre mère ou notre père? Ça c'est vivre et agir avec ses tripes, sans trop faire appel à notre conscience. L'enseignement c'est ça. Tu commences dans le métier en vivant et agissant avec tes tripes. Certains diront que c'est l'instinct de survie. Tant que tu agis avec ce que tu vis dans tes tripes, tu ne changes pas et si ça marche, pourquoi changer? Quand tu reconnais les épisodes positifs ou négatifs de ton passé et que tu les associes avec ton présent, tu commences à prendre conscience de ce que tu fais réellement. Le sublime summum est quand tu te dis: je ne ferai pas comme ce que j'ai vécu ou j'essaierai de faire mieux, différemment, là tu as pris conscience au plus profond de toi et comme par magie le changement s'installe en catimini. Des sceptiques dans la salle (et oui, époque de Capitaine Bonhomme!) affirmeront haut et fort: le changement qu'est-ce que ça donne? Quand année après année tu utilises les mêmes approches, la même planification, presque les mêmes commentaires, tu ne te poses pas de questions. Les jours passent, tu suis ton horaire, ta planification, tu te plaies dans ton bien-être personnel. Ça marche! Vrai! Mais pas de façon logique pour suivre les changements de la société qui avancent de façon exponentielle et surtout pas pour l'élève qui n'arrive pas au même point que celui d'il y a 10 ans. Plus tu observes, plus tu te dois de changer pour ne serait-ce que t'améliorer en tant qu'enseignant, mais aussi pour permettre de te faire une valise remplie d'idées, de projets, de méthodes, d'interventions que tu fais jaillir selon les besoins, selon le goût ou le besoin du moment. Et dans ta classe France? Bien voilà la fameuse question! Moi j'ai des zillions de valises remplies après des lectures, des échanges, du vécu. Je les range, je les sors, je les déplace, j'en ouvre, j'en oublie. Je les aime mes valises colorées et remplies de souvenirs, d'idées, de projets, de notions, de folie et de modèles. Je jongle avec tout ça dans l'action, mais ... oh! que oui, le fameux mais!!! Je réfléchis avant, pendant et très très souvent après. Je m'offre ce luxe de repenser à mes interventions, à mes journées. Je ne tourne pas de pages rapidement. Parfois je suis fière, je range alors fébrilement dans une pochette précieuse; je m'en veux, je place en grande évidence pour ne pas le refaire et pour changer ce qui a été fait ou mal fait. Quand je réfléchis durant le "avant", j'en profite pour tout préparer afin d'être pleinement avec les élèves par la suite pour qu'ils soient encore plus engagés. À lire ces lignes vous pensez peut-être que je fais preuve d'incertitude. Non, je ne crois pas. Je ne prends rien pour acquis. J'essaie d'imaginer le plus possible des moyens d'aider les élèves à s'engager, à s'impliquer et à aimer l'école avec tous ses hauts et ses bas. Voilà! Merci #defi20prof. Un, j'ai réussi à créer mon blogue. Deux, j'ai réussi à mettre par écrit une de mes nombreuses pensées. Trois, à suivre ...
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